Dans un article publié dans cette même revue, j'avais relevé que la
violence récente en Colombie a longtemps été perçue comme un
phénomène banalI. Elle était présentée comme la continuation de la
violence des années 1950, voire d'une violence qui aurait en
permanence caractérisé l'histoire colombienne. On considérait que, si
elle faisait des victimes, elle n'avait pour le pays qu'un coût limité et
comportait aussi des bénéficiaires, ceux qui profitaient de ses
retombées économiques qui, trafic de la drogue aidant, n'étaient pas
négligeables et suscitaient un marché du travail alternatif2. J'indiquais
dans cette même étude que la banalité était en train de s'estomper et
que, notamment dans les régions où prévalaient désormais les
confrontations entre divers prota