Quand on parcourt les nombreux ouvrages sur le développement parus au cours des dix dernières années, on s'aperçoit qu'il y a consensus quant à la "crise" ou même "l'impasse" dans laquelle se trouve la théorie du développement. Les auteurs reconnaissent volontiers la "fin des certitudes" que semblaient procurer les grands schémas théoriques des décennies précédentes et, conséquemment, la nécessité d'un changement profond dans les "paradigmes". On assiste actuellement au "remplacement des grandes synthèses théoriques" par une "réflexion plus fondamentale sur le sens des notions de développement" (Thériault 1988:3) et cette réflexion s'étend désormais davantage aux plans éthique et épistémologique. "En fait", pour reprendre le diagnostic établi par Henri Rouillé d'Orfeuil au terme d'un examen des théories du sous-développement, "ce qui apparaît, c'est à la fois le malaise des théoriciens d'avoir si mal décrit les évolutions et le malaise des praticiens de devoir œuvrer le plus souvent à l'aveuglette" (Rouillé d'Orfeuil 1987:31).