Altay Manço. Docteur en psychologie, directeur scientifique de l'Institut de Recherche, Formation et Action sur les Migrations (IRFAM).
Altay Manço est le directeur de la collection "
Compétences interculturelles" des éditions de l'Harmattan.
Pour le développement interculturel...
Avec le psychosociologue Altay Manço, la vie ressemble à un énorme planning. Tout semble compartimenté et raisonné : il suffit de l'avoir au bout du fil pour se rendre compte que le plus dur n'est pas de discuter mais de trouver une place dans l'agenda-univers du personnage. Finalement, entre une conférence dans une université au Canada, un cours donné à Paris, une réunion de chercheurs en Turquie, ou encore une rencontre dans une association de travailleurs immigrés à Charleroi, il nous accueille dans son QG à Namur. Des livres soigneusement rangés, des dossiers classés, un ordre méticuleux et une organisation rhytmée du temps, l'univers de ce turcobelge donne le tournis. Arrivé en Belgique après des études primaires dans le pays d'origine, Altay et son frère jumeau, Ural, achèveront un parcours universitaire : "Mon parcours académique a commencé à l'Université de Liège. Après une candidature en philosophie, puis une autre en psychologie, j'ai rapidement choisi d'approfondir ce dernier domaine, en orientant mes recherches en direction de l'insertion sociale des populations d'origine étrangère : j'ai été encouragé vers ce choix par mon emploi d'animateur auprès d'enfants d'immigrants, un emploi qui m'a permis de financer la fin de mes études", précise Altay Manço. Après un mémoire en 3 tomes sur la communauté turque de Cheratte et son "ghetto intégrateur", il décroche son doctorat en psychologie sociale sur les stratégies identitaires des jeunes Turcs de Belgique.
La famille d'Altay est orginaire d'Istanbul, la capitale culturelle et économique de la Turquie. Pour le docteur Manço, l'avenir des jeunes passe par la formation et l'insertion socioprofessionnelle : "Il est clair que trouver un emploi pour un jeune d'origine étrangère est plus dur par rapport aux autres, mais il faut aussi tenter de capter la plus-value d'une'compétence interculturelle'. Un exemple : une jeune fille étudiera la médecine, même si le marché européen est saturé en la matière, elle aura sa clientèle parmi la population de sa propre origine, elle pourra ainsi valablement remplir une fonction de trait d'union entre une comunauté et les institutions médicales du pays d'accueil".
Le concept de compétence interculturelle est justement la pierre angulaire des travaux de recherche appliquée de l'Institut de Recherches, Formations et Actions sur les Migrations (IRFAM), basé à Liège (*) et où Altay Manço est directeur scientifique. Auteur d'une centaine d'articles spécialisés et d'une douzaine d'ouvrages dont un tout dernier sur l'immigration albanaise en Belgique et au Québec, il collectionne aussi les titres à travers de nombreux organismes et associations dans le monde. Formateur de travailleurs sociaux, il apprécie orienter des travaux d'étudiants, autant que sa disponibilité le lui permet. Derrière un un homme qui apparaît comme une référence dans son domaine, se cache surtout un travailleur acharné et nocturne de l'écriture et de la relecture.
Communicateur infatiguable de la cause interculturelle, Altay Manço accorde aussi la plus grande attention à ses deux filles Yeliz et Sibil qu'il n'hésite pas à inviter à plusieurs de ses sejours de recherche : "On ne commence jamais trop tôt à découvrir la terre, les humains et leurs mouvements ". Comme quoi, dans ce grand agenda perso où les entretiens se téléscopent, le psychologue garde un oeil attentif sur les sens de la vie.
Portrait par Mehmet Koksal, journaliste (2004)
(*) L'Institut de Recherche, Formation et Actions sur les Migrations (IRFAM) est un organisme ressource créé par des intervenants de terrain et des chercheurs universitaires, au service des professionnels de l'action sociale, de l'éducation, etc. L'institut vise, par une approche multidisciplinaire, à construire des liens entre la recherche en psychologie et les interventions dans le domaine de l'intégration et du développement, ainsi que la lutte contre les discriminations. Les objectifs de l'institut sont : - Informer sur les mécanismes discriminatoires en tant que facteurs d'exclusion et de violence ; - Promouvoir les relations interculturelles en tant qu'instruments d'une intégration de qualité ; - Susciter un développement identitaire positif parmi les personnes victimes d'exclusions et de violences ; - Contribuer à la mise en place de mécanismes démocratiques favorisant la gestion positive des différences socioculturelles et le développement durable. Les moyens de l'IRFAM sont la sensibilisation, la formation et l'accompagnement d'intervenants sociaux et de décideurs politiques, ainsi que la mise en œuvre de processus de recherche-développement et de publications sur les problématiques du développement socio-économique, de l'exclusion et de la gestion des conflits socioculturels. Les domaines d'intervention de l'IRFAM sont : - L'évolution des communautés immigrées et, en particulier, l'observation des processus d'intégration psychosociale et de la dynamique des identités culturelles ; - Le développement des politiques et des méthodes d'intervention sociopédagogique et interculturelle : formation, accompagnement et évaluation des équipes de terrain, des réalisations pratiques, etc. De vocation internationale, l'IRFAM est soutenu dans son action par l'Union européenne et divers échelons de pouvoirs en Belgique. L'Institut dispose de trois sièges en Belgique (Liège, Namur et Bruxelles) et d'une représentation en France, au Togo, au Bénin, en Turquie et en Grèce. Des partenariats lient l'IRFAM à de nombreux organismes en Europe, en Afrique et au Canada. L'IRFAM, en tant que mouvement d'éducation permanente visant la valorisation des diversités dans nos sociétés, gère la présente collection "Compétences interculturelles" et diffuse sur le net une lettre trimestrielle initutée "Diversités et Citoyennetés ".
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