D’un ouvrage à l’autre, Maurice Pergnier aborde tellement de sujets différents qu’on lui prête parfois des homonymes. Pourtant, l’auteur de "Du sémantique au poétique, avec Baudelaire, Cocteau, Magritte" est bien le même que celui du traité "Les Fondements sociolinguistiques de la traduction", d’essais comme" La désinformation par les mots" ou "La résurrection de Jésus de Nazareth", ou encore d’écrits littéraires comme la" Lettre d’Amorgos"...
En notre époque d’hyperspécialisation, où l’on attend de chacun qu’il creuse son sillon sans en dévier, une telle variété de centres d’intérêt déconcerte et étonne. Celui qui ose sortir de son pré-carré doit presque s’en excuser, rappeler, en l’occurrence, qu’un linguiste n’a pas l’obligation d’être seulement linguiste, qu’université est de la même racine qu’universel, et que c’est parfois derrière la diversité que se découvre l’unité essentielle… Il peut aussi plaider que, dans la lignée de Saussure, la linguistique n’est pas seulement un savoir, mais aussi un humanisme.
Un linguiste doit-il se mêler de littérature, pis : de sémiologie de l’art ? A-t-il le droit de sortir de la froide réserve du spécialiste pour attirer l’attention de ses contemporains sur des maux qui menacent leur civilisation ? Un même auteur peut-il parler avec pertinence de Michel-Ange et des langages de propagande ? Aux lecteurs, bien sûr, d’en juger !
Le présent ouvrage fait converger plusieurs de ces facettes autour du phénomène de l’équivoque, qui court de la notion de polysémie (dont l’auteur présente ici la théorie), apanage exclusif du signifié linguistique, jusqu’à celles d’ambiguïté et d’énigme, caractères spécifiques du sens, qui nourrissent nombre d’œuvres poétiques ou graphiques.
Né avec la Seconde guerre mondiale (mais sans responsabilité dans son déclenchement), Maurice Pergnier a passé son enfance à la campagne. Après une scolarité au lycée de Montluçon, il a poursuivi des études littéraires à la Sorbonne. Il en retient avoir tiré autant (plus ?) de bénéfice de la fréquentation assidue des théâtres, musées et salles de concert de la capitale que de celle de la noble institution.
Brièvement professeur d’anglais dans des collèges de la région parisienne, il a passé l’agrégation. Tout le destinait à poursuivre dans cette voie, jusqu’à ce que la découverte enthousiaste du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure vînt bouleverser ce plan de carrière. Après quelques années d’études supplémentaires, et l’inscription d’une thèse en linguistique, sous la direction de Jean Gagnepain, il devint l’assistant de ce dernier à l’université de Rennes, à la rentrée de l’année universitaire qui se termina par un mois de mai demeuré fameux. Rien que de très banal ensuite : maître-assistant à cette université (devenue université de Haute-Bretagne) ; puis maître de conférences et enfin (après soutenance de la thèse de doctorat ès Lettres sur les Fondements sociolinguistiques de la traduction), Professeur à l’université de Paris-XII (qui, depuis, a changé plusieurs fois de nom !)
Sans vouloir être exhaustif, ajoutons qu’il a dirigé plusieurs instituts de recherche pluridisciplinaires au sein de cette université et, parallèlement, enseigné pendant de nombreuses années la théorie de la traduction à l’ESIT (École Supérieure d’Interprètes et Traducteurs, Paris-III).
Enfin, il n’est peut-être pas inutile de mentionner qu’il a appartenu pendant huit ans à la Commission générale de terminologie et néologie.
Auteur de nombreuses publications (livres et articles) dans le domaine de la linguistique théorique et appliquée, de la sémiologie de l’art et de la poétique. À côté de ces ouvrages spécialisés, il s’est fait connaître par des essais sur des sujets de société et de vulgarisation, et est également l’auteur de récits, nouvelles et œuvres théâtrales.
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