Pour nombre d'historiens et notamment ceux de l'École des Annales la
littérature a été longtemps assimilée à l'illusoire, à l'irréel, à l'idéologique. Il
faut attendre les années 1970 pour que certains d'entre eux, notamment les
médiévistes, n'envisagent plus la dimension imaginaire de la société, dont fait
partie la littérature, comme simple superstructure, mais aussi comme facteur
explicatif des phénomènes historiques. De ce fait la littérature ne peut plus
être abordée comme reflet fidèle ou plus ou moins déformé de la réalité
sociale. La littérature est un procès social qui, mettant en rapport auteurs et
lecteurs, problématise le monde et contribue par là à le construire. En
d'autres termes, si l'on suit Jacques Le Goff, l'art et la littérature se
retrouvent très souvent "à la racine des motivations historiques et en
révèlent en profondeur les structures