Des chercheurs de tout horizon, fascinés par le "pouvoir des contes", se
sont attelés à la tâche de l'exégèse pour mieux percer le mystère de ses effets
de sens. Le propos de cet article se distingue de ce courant d'étude puisqu'il
ne vise pas à interpréter les contes merveilleux au sens psychanalytique
(Bettelheim), social (Zipes) ou littéraire (Lüthi) du terme. Je ne chercherai
pas à regrouper le sens de ces récits dans une herméneutique générale;
chacun d'eux, même s'il emprunte à des traditions séculaires, voire
universelles, développe, par l'agencement singulier des motifs, une
signification autonomel. Je voudrais plutôt tenter ici une explication du
conte merveilleux, esquisser une interprétation de son étrange homogénéité.
Dans un essai publié il y a plus de vingt ans, Paul Larivaille signalait aux
spécialistes du conte ce paradoxe, qui, aujourd'hui encore, reste inexpliqué:
malgré toutes les mutations et toutes les existences