Confronter la médiation aux pratiques artistiques et, en particulier, aux
pratiques des architectes contemporains des années 1980, peut sembler
hasardeux, tant restent tenaces d'abord l'idée qu'entre une oeuvre et son
public n'existe pas d'entre-deux, ensuite celle qu'une création demeure
un acte individuel. En effet, selon la vulgate esthétique, l'oeuvre qu'elle
soit picturale, sculpturale ou architecturale se livrerait directement sans
intermédiaire. Si toutefois des relais existent entre une oeuvre et son
public, ils restent neutres. C'est dire que la médiation se définit comme
un "inter". Neutre, étrangère à la création, elle risque à tout moment de
l'altérer ou de la trahir. Il faut donc s'en méfier. Pourtant les façons de
faire des acteurs du secteur de l'édification, maîtres d'ouvrage publics,
critiques et maîtres d'oeuvre, démentent cette interprétation. Qu'il
s'agisse de la création dans toute sa diversité dont les projets, construits
ou non, ressortissent à des composés mixtes, mi-texte mi-objet ou mitexte
mi-image ou des acteurs autrefois mieux identifiables dont, désormais,
les fonctions s'interpénètrent et s'entrecroisent. Hybridations
et/ou métissages structurent tant la production architecturale que