Je me trouve tout d'abord devant la tâche difficile de faire
surgir le texte, au moins un peu, pour ceux qui ne l'ont pas lu.
Difficile, parce que ce qu'il faudrait restituer, c'est l'effet
d'effraction, l'effet traumatique pourrais-je dire de la première
lecture. On est dans le trop vivant, le trop fort, on est
immédiatement dans la dimension de l'excès. La seconde raison
est que ce livre, au-delà de ce qui y est raconté, les récits, est sa
texture même, et la structure de son agencement, structure et
texture se redoublant et se répondant. Faulkner n'éprouve pas
ici le besoin de tourmenter la langue comme il le fait parfois,
c'est la structure qui porte le poids, la charge de capturer
l'indicible, la langue et les récits sont sobres, simples de lignes,
comme les corps, sobres et simples dans le plus grand danger, ne
disent pas l'impossible auquel ils sont en proie.
Je ne vois pas d'autre moyen de tenter de le faire surgir, que
de l'exposer brièvement en suivant son mouvement, tout en
commençant déjà à suivre et à analyser