DEPUIS 1985, la Ligue de l'enseignement passe pour
avoir entrepris une rénovation spectaculaire des
valeurs laïques qui constituaient le noyau dur de son
identité traditionnelle. En substance, les enjeux de la laïcité se
seraient élargis, mais aussi déplacés, car l'anticléricalisme d'aujourd'hui
ne viserait plus principalement les religions (bien
qu'il faille sans doute vigilance garder à leur égard), mais les
cléricatures civiles : experts arrogants ou abusifs, patrons de
droit divin, qui dépossèdent les citoyens de leurs prérogatives
et confisquent le débat démocratique. Bref, selon une formule
lapidaire, "les sermons de carême sont devenus moins dangereux
que les cours de la Bourse1". Quant aux religions, elles
peuvent être réévaluées, à titre de ressources de sens, voire en
tant qu'alliées dans la lutte contre l'exclusion.
"Nous avons accepté de reconnaître à l'encontre de l'opinion
dominante des laïques au XIXe si