Il est ici question des expériences des familles de ceux qui ont disparu
au cours des guerres civiles libanaises de 1975 à 1990. C'est une partie de
la recherche que j'ai menée entre 2002 et 2006; son objectif était
d'explorer la manière dont ces familles construisent l'expérience de la
disparition d'êtres qui leurs sont chers à travers récits et pratiques. Les
familles des disparus sont privées d'un lieu où chercher ces êtres chers et
accablées par des sentiments fondés sur l'incertitude, l'ambiguïté et
l'angoisse de savoir si leurs proches sont morts ou vivants. Si on présume
qu'ils ne sont pas vivants, les disparus représentent plus qu'un simple cas
de mort non naturelle; tout aussi déconcertant est le fait que la date, le lieu
et les circonstances de leur mort sont également