Genre populaire par excellence, la comédie est en prise directe avec le réel et
tente toujours de rendre compte d'un certain état du monde. Dépourvue de
poétique spécifique (Aristote en aurait traité dans le second livre perdu de sa
Poétique173), à travers l'histoire, elle se définit souvent à partir de ce que les
autres genres, notamment la tragédie et le drame, ne sont pas. Par exemple, la
tragédie met en jeu des personnages nobles et à l'inverse la comédie des
personnages bas174. Conséquence de cette liberté originelle, cette dernière est
protéiforme et perméable : à la croisée des différentes catégories dramatiques,
elle accueille ou s'empare d'éléments constitutifs des autres genres.
Avec l'apparition du drame au XVIIIe siècle, genre moyen situé par
Diderot175 entre la tragédie et la comédie, devenu aujourd'hui, selon le terme de
Jean-Pierre Sarrazac, "rhapsodique176", c'est-à-dire hybride, cousu d'éléments
hétérogènes, mêlant les tonalités et les modes, le théâtre se situe dans une
période de "décomposition dramatique" avec, comme l'affirme encore Jean-
Pierre Sarrazac, une dynamique de "constant débordement du comique par
rapport au tragique et du tragique par