Dans certaines pièces contemporaines, les indications scéniques
n'apparaissent plus sous forme de didascalies externes, entre parenthèses ou en
italique, mais se trouvent intégrées aux répliques. On pourrait simplement parler
de didascalies internes, si ce n'est que le texte "à dire" comporte également
des pensées et des parties narratives. Il s'agit de répliques hétérogènes qui
rappellent une forme romanesque et qui remplacent les didascalies externes
aussi bien que l'aparté et le monologue.
Je me propose ici d'analyser un texte où ce dispositif est employé de manière
significative : Tre, Una storia d'amore38 de Renato Gabrielli, dramaturge italien
qui a remporté le prix "Pier Vittorio Tondelli" en 1993. Il s'inspire d'un fait
divers : en Allemagne, en 2001, un ingénieur décide de se faire manger par un
homme avec qui il a fait connaissance sur internet. Gabrielli imagine une
rencontre dans un bar entre un homme, qui a déjà tué et mangé plusieurs
personnes, et une jeune fille, qui voudrait à son tour se faire manger. Mais cette
rencontre est présentée comme une création imaginaire du protagoniste.
Il n'y a qu'une didascalie dans cette pièce, au tout début, isolée du reste du
texte, car elle figure à l'intérieur d'une bordure noire, avec un caractère
typographique particulier. À cette exception près, on ne trouve aucune
didascalie externe, ni même les no