Le travail de couverture de l'actualité européenne des correspondants
s'inscrit-il dans une écriture du contemporain ? Pour répondre à cette question,
une clarification terminologique s'avère nécessaire. En effet, si l'on essaie
d'interpréter le contemporain à travers l'élucidation du concept de temps, en
prenant appui sur diverses théories philosophiques, on remarque que celui-ci
subit le dur jugement de moment insaisissable. En effet, si l'on considère,
comme Saint Augustin et Aristote, qu'on ne peut mesurer le temps qu'en
percevant le moment où il s'écoule, car il est "mémoire par rapport à ce que
j'ai dit, […] attente par rapport à ce qui me reste à dire"411, le contemporain,
qui par définition signifie "qui est du même temps, de la même époque", reste
par conséquent difficile à encadrer et penser, mais surtout à écrire. Or, le temps
n'est pas qu'une réalité objective (Newton) ou subjective (Saint Augustin), ou
qu'une forme transcendantale (Kant) et qu'une durée vécue (Bergson), mais
bien tout cela à la fois. En effe