Pour Norbert Walter, ancien économiste en chef de la Deutsche Bank,
la réunification allemande a été un véritable "chef-d'oeuvre politique
1" ;
le politologue ouest-allemand Wolf Lepenies, professeur invité au Collège
de France, a qualifié cet événement de "festival de l'affirmation de
soi
2" pour la République fédérale. À y regarder de près, cependant, cette
"réunification" n'en était pas une. Du point de vue du droit international,
au moment de la signature du traité à l'été 1990, les deux Allemagne
étaient encore des territoires autonomes provisoires. Leurs autorités ont
entériné un protocole portant sur l'autodissolution de la RDA et fixant à
la date du 3 octobre 1990 l'annexion à la RFA de cinq Länder fédéraux
qui se substitueront à la défunte RDA. Or, de fait, ces nouveaux Länder
ne seront nés que le 14 octobre, c'est-à-dire onze jours après la proclamation
officielle de la "réunification". Grâce à ce tour de passe-passe
juridique, dont les vices de forme sont autant de causes de nullité, les populations
des régions annexées seront privées de toute instance de représentation
historique. Le traité d'unification a édicté