Si la réflexion théorique sur la lecture a été foisonnante tout au
long du XXe siècle, elle a mis beaucoup de temps à toucher
l'école. Comme l'ont montré maintes études (Halté, 1992 ; Chartier
& Hébrard, 2000, etc.), l'enseignement de la littérature ne
s'est longtemps occupé que des textes consacrés et de leur interprétation
plus ou moins savante par des lecteurs plus ou moins
experts. Jusqu'aux années 1960, la lecture des élèves n'était
guère interrogée comme telle. Elle était implicitement perçue
comme l'outil évident, et partant invisible, qui permettait à
l'amateur de littérature d'accéder au sens.
Dans cette perspective, la question de la pluralité des interprétations
n'était guère posée, et celle de la spécificité des lectures ordinaires
encore moins. Seule prévalait une conception normative
de la lecture - fondée en gros sur