"Le discours sur l'histoire conçue comme vecteur d'une mémoire dans
laquelle puissent communier tous les Français" est plus vieux que la
République en France, comme le montrent les travaux historiques sur
l'enseignement de l'histoire (Garcia Leduc, 2003, p. 50-51). Il remonte au
moins à Guizot, qui écrivait : "L'histoire c'est la nation, c'est la patrie à
travers les siècles". Il parlait de sa politique en ces termes : "J'avais à coeur
de faire rentrer la vieille France dans la mémoire et dans l'intelligence des
générations nouvelles". Pour lui comme pour Lavisse un peu plus tard et
pour les penseurs de l'école républicaine, l'histoire que l'on écrit et que l'on
enseigne est un "opérateur de réassurance" nationale, elle associe
intimement une visée cognitive et une finalité politique. Aujourd'hui, la
modalité politique et tendue vers l'avenir de l'histoire enseignée
officiellement n'est plus la même