Résumé : Dans lhistoire de la culture afro-américaine, la musique a toujours
occupé une place de choix. Écrivains, plasticiens, philosophes et sociologues noirs,
etc., tous ont estimé devoir payer leur dette ou définir leurs objectifs esthétiques en
fonction des accomplissements de la musique. Doù vient une telle autorité de la
musique sur lensemble des arts noirs américains ? Y a-t-il un lien privilégié entre le
son musical et lexpérience afro-américaine ? En mappuyant sur les apports de
deux théoriciens de la culture noire américaine, Ralph Ellison et Édouard Glissant,
je montrerai quau-delà de la musique, cest la voix noire américaine quil faut
considérer comme la véritable matrice de lart afro-américain. Le processus de
transformation dune expérience localisée dans le temps et lespace (la plantation
esclavagiste de lAmérique coloniale) en un agrégat sonore aisément identifiable par
la communauté afro-américaine et au-delà, témoigne dune appropriation dun
espace de prime abord hostile pour lhabiter avec des sons familiers et communs, et
le rendre viable sur un plus long terme.
Mots-clés : grain de la voix, musique afro-américaine, ethnicité, créolisation.