Je souhaiterais, dans cette courte intervention, appeler votre attention
sur la façon dont nous sommes conduits depuis ces dernières années, à
percevoir et à vivre le temps à travers un environnement technologique de
plus en plus automatisé et prégnant. On a pu parler avec une certaine
objectivité des bouleversements provoqués par cet environnement sur notre
perception de lespace et sur lévolution de cette perception. Lespace dans
lequel nous plongent les technologies numériques un simple traitement de
texte, une navigation sur lInternet ou une immersion dans des dispositifs
tridimensionnels plus complexes nappartient, de par sa virtualité, à aucun
lieu propre, à aucun topos qui lancre dans le réel. Il peut virtuellement
sétendre dans toutes les dimensions, obéir à toutes les lois dassociation, de
déplacement, de translation, de projection possibles. Il peut simuler toutes
les topologies imaginables. Cet espace est un espace sans topos : utopique.
Si virtuel quil soit cependant, il nen est pas moins vérifiable par
lobservateur. Il peut offrir la même résistance, provoquer le même effet de
réalité sur nos perceptions que lespace