Depuis une trentaine d'années le "main stream" managérial que Luc
Boltanski appelle "le nouvel esprit du capitalisme" pénètre en profondeur la
formation et le travail quotidien des fonctionnaires territoriaux1. Cette nouvelle
doxa d'inspiration néolibérale est visible jusque dans la dénomination des
postes ("chef de projet", "consultant de club"…) et contraint les agents du
service public à présenter leurs interventions auprès des "usagers" en termes
de "projets". Ces derniers sont censés être élaborés à partir "des demandes et
les besoins" précisément identifiés des populations, tout autant qu'ils sont
voués à être "évalués" qualitativement et quantitativement. Tout se passe
comme s'il fallait absolument montrer que les agents territoriaux du service
public comme les élus "rationalisaient" l'utilisation de l'argent du
contribuable de la même manière que le chef d'entreprise rationalise les coûts
de production. Dans ce contexte particulier, les chefs de services et cadres
territoriaux ont de plus en plus recours à des cabinets d'audit dits
"indépendants" ou à des jeunes chercheurs offrant une main d'oeuvre à très bas
prix afin d'"expertiser" leurs actions. C'est dans le cadre d'une telle
"expertise" que débute en septembre 2006, une étude réalisée pour le compte
du service Jeunesse et Education Populaire du Conseil Général de Loire
Atlantique. Celle-ci a pour première finalité d'aider les cadres territoriaux à
comprendre qui sont les encadrants techniques bénévoles que les éducateurs
territoriaux non titulaires du Conseil général forment de manière hebdomadaire
à la didactique et à la pédagogie sportive