Le 24 mars 1976, les dirigeants des trois armées argentines
prennent le pouvoir pour renverser Isabel, la veuve du général
Juan Domingo Perón, qu'ils jugent incapable d'affronter les
guérillas sévissant dans le pays depuis le début des années
1960. C'est la dernière dictature d'une longue suite initiée dans
les années 30. De 1976 à 1983, le terrorisme d'État sévit contre
les "subversifs", leurs familles et leurs connaissances : tous les
citoyens sont menacés. Les militaires et la police enlèvent 30
000 personnes, qu'ils torturent dans des centres clandestins et
dont ils font disparaître les corps. La majorité des disparus sont
des jeunes gens de près de 20 ans. Parmi eux des femmes
enceintes qui accouchent en captivité, ou des mères de très
jeunes enfants, enlevés avec leurs parents. Des centaines de
bébés sont donc eux-mêmes disparus (selon l'emploi détourné
du verbe en Argentine : "lo desaparecieron", ils l'ont
disparu). Quand ils ne sont pas tués, ils sont vendus à des
sympathisants ou réinsérés dans des circuits traditionnels
d'adoption. Depuis lors, leurs