C'est en ces termes que devant le Sénat, le 8 juin
1994, Christine Villemin entend régler ses comptes avec la
justice et les médias. Le 16 octobre 1984, le corps de son fils
Gregory Villemin, quatre ans et demi, est découvert ligoté, sans
vie dans la Vologne. Dix ans plus tard, le meurtre n'est toujours
pas résolu. Toujours présente dans les mémoires collectives,
l' "Affaire Grégory"1 a donné lieu à un feuilleton à
rebondissements attisé par les médias et les manquements de la
gendarmerie et de la justice : erreur de désignation d'experts,
négligence de témoins, abandon de pistes et d'indices capitaux,
oublis de scellés… L'engouement pour ce fait divers vite
transformé en fait de société, en problème public au sens de
Rieffel2, tient autant à la suite de coïncidences, de
rebondissements que de son habile exploitation