...et la rose naît de l'épine.
Saadi, "Golestân" (La Roseraie)
Criaillez, croassez, croassez-donc, -- corbeaux,
je n'ai rien à apprendre de vos sinistres chants de deuil.
Je ne suis le contemporain de personne.
J'avance, regard oblique, sous les feux palots de votre formalisme clairet où vous mignardisez, -- et tant pis pour votre indifférence !
Merci de ne pas empuantir de votre haleine fétide l'air déjà vicié, -- irrespirable,
merci pour la solitude, -- la grande solitude, celle du grand combat spirituel le plus brutal...
Danger, attention dégagez, -- le terrain est ici miné !
Rien ne peut m'empêcher d'avancer dans cette nuit de catacombes,
où la flammèche des libertés vacille, où les pays tremblent sur leur base.
Or, -- c'est la guerre,
la guerre sans limites contre le coeur, la guerre globale contre l'intelligence !
Un homme engagé dans son écriture, cela vous répugne dites-vous,
circulez, -- par ici rien à voir pour vous, ici le rire emporte, le rire tue !
Un simple éclat pourrait vous briser.
Je m'éloigne de vous, ni mépris, ni cancan, les siècles futurs me prendront à témoin.
J'ai rendez-vous cette nuit, avec une ombre magnifique,
-- ma petite soeur maudite, Marina Tsvétaiéva. La connaissez-vous, même ?
En quoi cela vous importe-t-il, n'est-ce pas ?
Les feux de l'aurore et les salves de parole nous réchaufferont l'âme en ces temps glaciaires.