Succédé à un frère mort n'est jamais aisé. On le sait bien. Cela a développé chez ma mère une forte anxiété à mon égard dont j'ai eu quelque mal à me défaire, d'autant plus que je suis resté fils unique. Mon père, mineur de fond, n'était pas anxieux, mais sa situation l'engendrait dans la famille. Notre vie était scandée par les grèves, les longues périodes de travail et surtout les coups de grisou qui laissaient à chaque fois un lourd tribut de morts. Mourir pour fournir de l'énergie aux autres. Cette guerre de l'énergie perdure d'ailleurs à notre époque.