Nous avons rencontré le capitaine Haroun à Londres où il s’est réfugié après avoir servi pendant 14 ans dans la Sécurité militaire algérienne et décidé de déserter. Depuis quelque temps, il a décidé de s’exprimer un peu dans la presse et notamment dans l’Observer, pour dire ce qu’il sait du rôle des services spéciaux dans les événements actuels qui déchirent l’Algérie. Ces articles nous ont intéressé car ils permettaient d’avoir une idée — même très approximative — de tout ce qui se trame dans l’ombre et qui conduit souvent à des actions importantes qui pèsent sur le déroulement et l’interprétation de ces événements. Bien entendu, ce type de déclarations est sujet à caution: rien ne prouve qu’il y ait une part de vérité dans les propos d’un homme qui a déserté et vit désormais dans une semi-clandestinité. Mais en même temps, personne ne peut sérieusement croire que les services spéciaux pourraient rester inertes dans une telle situation. Ce n’est pas parce qu’on ignore tout de leurs activités, par définition secrètes, qu’ils ne font rien. Pendant la guerre d’Algérie, les historiens ont montré l’importance du rôle joué par les services spéciaux de l’armée française pour déstabiliser l’adversaire en l’infiltrant, en le manipulant, en le piégeant ou en lui fournissant une multitude d’informations tronquées ou encore en lui faisant endosser des actions qui n’étaient pas les siennes. Les responsables politiques algériens que nous avons rencontrés ont d’ailleurs souvent insisté sur l’importance du rôle de la Sécurité militaire algérienne et aussi sur sa grande efficacité parce qu’elle est formée de gens très compétents.