En mai 2013, lors d'une conférence prononcée à l'université de Chicago sur les théories et les pratiques féministes, Angela Davis attirait l'attention sur l'articulation constitutive du mouvement féministe entre, d'une part, théories et actions et, d'autre part, conscience de genre, de classe, de race, de colonialisme, de post-colonialités et sexualités.
Le féminisme signifie tellement plus que l'égalité de genre, et il implique tellement plus que le genre […]. Il doit inclure une conscience du capitalisme, du racisme, du colonialisme et des post-colonialités, ainsi qu'une capacité et davantage de genres que nous ne pourrons en imaginer, et plus de sexualités que nous ne pourrons jamais en nommer. Le féminisme nous a aidées non seulement à identifier toute une série de connexions entre des discours, des institutions, des identités et des idéologies que nous avons tendance à considérer séparément.
Il nous a aussi aidées à développer des stratégies épistémologiques et pragmatiques qui nous transportent au-delà des catégories "femmes" et "genre". Les méthodologies féministes nous obligent à explorer des liens qui ne sont pas toujours apparents. Et elles nous poussent à habiter des contradictions et à découvrir ce qui est constructif dans ces contradictions. Le féminisme insiste sur les méthodes de pensée et d'action qui nous incitent à penser ensemble des phénomènes qui semblent séparés et à désagréger les processus qui semblent aller de pair.