La littérature concernant les mouvements de population a traditionnellement sous-estimé la participation féminine au processus migratoire. Les approches théoriques traditionnelles de la migration, qu'elles soient de type micro-économique (centrées sur la décision de l'individu de migrer) ou de type macro-économique (fondées sur les déterminants structurels du mouvement migratoire) n'ont pas considéré la spécificité de la migration féminine. L'invisibilité de la migration féminine a été créée par le stéréotype de la femme considérée économiquement inactive et dépendante de l'homme. Les activités professionnelles exercées par les femmes dans la migration (emplois domestiques, emplois saisonniers, prostitution, activités illégales) ou les emplois formels mal rémunérés, occupés pendant une courte période du cycle de vie féminin (emplois dans les industries en Asie au sortir de l'adolescence), n'ont pas été appréhendés comme de véritables activités économiques ou ont été perçus comme des activités marginales, renforçant ainsi la mésestimation du phénomène de la migration féminine (Morokvasic M., 1984).