Depuis quelques années, un débat s'est instauré sur la question suivante : quel type de coopérative - mixte ou féminine - est le plus pertinent pour les femmes du Tiers-Monde, le mieux adapté à leurs besoins et à leur situation? Nous voudrions ici esquisser une analyse des deux principaux facteurs qui nous semblent rendre compte de l'ambiguïté fondamentale qui fonde la volonté de voir les femmes participer aux coopératives mixtes: le temps et l'idéologie. Une coopérative est, en soi, un projet qui se déroule dans un temps linéaire ou, plus exactement, dans une série de différents temps linéaires: celui de la ou des récoltes au cours de l'année, celui des investissements pour les moyens de production, à court terme, ou pour la communauté, à moyen et long terme (infrastructures, formation, etc.). Il s'agit ici d'un temps organisé, structuré sur des modèles et un calendrier plus ou moins rigides. Cela implique donc une forme de capitalisation, d'appropriation du temps sous des modalités diverses, bref d'un présent et d'un futur maîtrisable par la volonté et l'effort collectif.