Le financement des programmes de micro-crédit au bénéfice d'un grand nombre de femmes va augmenter dans les années 1990, sous l'impulsion du CGAp1. La littérature préparée à l'occasion du sommet pour le micro-crédit, à Washington en février 1997, ainsi que de nombreuses propositions de crédits émanant des donateurs et des ONG présentent de façon très positive des programmes de micro-crédit. Ces programmes sont de plus en plus nombreux, touchent une population de plus en plus large, et sont souvent financièrement indépendants; un grand nombre de femmes en sont les bénéficiaires, et ces programmes contribuent grandement à la réduction de la pauvreté et à ['empowerment (l'accès au pouvoir) des femmes. Pourtant, en parallèle, et souvent en marge de ce courant d'enthousiasme, certains chercheurs ont remis en cause ce constat selon lequel les femmes bénéficient des services de micro-crédit (Everett & Savara, 1991 ; Goetz & Sten Gupta, 1996 ; Mayoux, 1995a). Certains avancent en effet que les modèles actuels du microcrédit, qui placent au coeur de leur action la viabilité financière, concentrent les fonds aux dépens de stratégies qui seraient plus efficaces pour l'empowerment (Ebdon, 1995) et/ou la réduction de la pauvreté (Rogaly, 1996).