Le tissu associatif dans le quartier Grand- Yoff de Dakar où travaille l'équipe Chodak de l'association Enda Tiers-Monde est particulièrement dense et diversifié: associations religieuses, récréatives, sportives et culturelles, tontines, ainsi que les Mbotayes, qui sont des groupements d'entraide féminine. Ces structures ont comme point commun d'avoir à leur tête un "père" social ou une "mère" sociale, qui garantit la cohésion du groupe. Les animateurs de Chodak s'appuient sur ces dernières pour mettre en œuvre leurs actions, qui depuis longtemps, prennent en considération les besoins des femmes. Chodak, dans cette perspective, monte un programme de santé (pesées et éducation sanitaire). Mais le taux de participation des femmes baisse rapidement. Les animateurs s'interrogent sur les raisons de ce désintérêt, et constatent que les séances sont considérées par les femmes comme une perte de temps, du fait qu'elles ne reçoivent aucune contrepartie lorsqu'elles y assistent. Le fait qu'elles ne puissent rien exiger de Chodak signifient pour elles que les animateurs ne veulent pas participer à leurs réseaux sociaux, qui jouent pourtant un rôle social et économique primordial: "Vous refusez de vous lier à nous, d'être nos parents. C'est bien beau, mais vous êtes égoïstes. Vous voulez vous servir de nous". Plutôt qu'une aide, le projet est perçu comme une dette que Chodak se crée envers les femmes.