Il y a trente ans, deux grandes écoles d'historiographie moderne existaient en Inde. L'une, essentiellement composée d'historiens basés à Cambridge, voyait dans le nationalisme indien l'effort d'une poignée d'hommes issue des élites autochtones pour s'emparer du pouvoir en prenant appui sur les liens traditionnels de caste et de communauté, afin de soulever les masses contre le colonisateur britannique. S'opposant à cette thèse, les historiens nationalistes indiens soutinrent que les conditions matérielles de l'exploitation coloniale avaient préparé le terrain à une alliance entre les différentes classes, le rôle des leaders ayant consisté à encourager et à organiser la lutte commune pour l'indépendance.