La question abordée dans ce chapitre relève du paradoxe. En effet, si les notions de territoire et de territorialité sont centrales en géographie (Di Méo, 1998a ; Elden, 2010), la discipline dans son ensemble, et la géographie environnementale plus particulièrement ne se sont, jusqu'à présent, que peu intéressées aux relations pourtant probablement incontournables associant environnement et territoire, si ce n'est pour prendre acte de l'existence de formes particulières de territoires telles que les aires protégées, suivant ainsi Samuel Depraz (2008) et Clara Therville (2013). D'ailleurs, les sciences politiques et la sociologie elles-mêmes ne s'intéressent pas du tout à ces relations, alors que le territoire constitue pour elles une notion signifiante. Doit-on comprendre que la question environnementale, dans sa dimension territoriale, est paradoxalement peu assumée par les sciences humaines ? Comment interpréter cette désaffection, alors même que les politiques publiques porteuses du développement et de l'aménagement, à toutes les échelles, intègrent désormais une dimension environnementale, et notamment le souci de la biodiversité ?