La colonisation dans la Caraïbe a façonné des hommes et des femmes noirs meurtris physiquement et mentalement, dépourvus de toute liberté. D'ailleurs, le poète martiniquais Aimé Césaire met en exergue la chosification du corps de l'esclave qui est l'objet de souffrance, d'humiliation et de maltraitance de la part des Occidentaux : "le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s'habitue à voir dans l'autre la bête, s'entraîne à le traiter en bête". La chercheuse Anny Dominique Curtius qualifie ce processus de désontologisme c'est-à-dire l'annihilation de l'humanité de l'esclave. Curtius déclare dans son article "désontologisme et réontologisme des esclaves et des marrons" que "le système esclavagiste façonne un autre être, lui confère une autre dimension, celle d'un objet/meuble/colonisé".