La traduction serait un terrain privilégié pour observer la pensée postcoloniale à l'oeuvre, si l'on en croit Maria Tymoczko, pour qui la "traduction littéraire interlangue offre une analogie avec l'écriture postcoloniale"1, cette dernière étant une forme de traduction2 : rappelons le sens étymologique du transport d'un lieu à un autre ou de passage repris par le We are translated men de Salman Rushdie, lequel ne voyait pas que perte dans ce passage3. Les deux activités impliquent de traverser les frontières culturelles, elles entraînent, selon Ashcroft et al. dans The Empire Writes Back, une tension entre l'abrogation de la langue du centre et l'appropriation du vernaculaire :