Au Cameroun, l'instauration puis la diffusion de l'école occidentale a été, au XXe siècle, un phénomène qui a connu des fortunes diverses, selon que les enfants à scolariser appartenaient ou non à la religion islamique. Par une séried'amalgames et de coïncidences, l'institution scolaire occidentale a été souvent associée à la religion chrétienne, faisant ainsi de l'espace scolaire un lieu détesté par certains parents d'élèves musulmans. C'est ainsi que dès 1917, les
Français qui veulent scolariser le Nord Cameroun vont comprendre la nécessité d'intégrer la religion islamique dans l'école, et entreprendre une timide adaptation de l'institution scolaire pour la plier aux exigences des parents désireux de conserver la religion musulmane de leur progéniture. Ainsi, des cours de religion mais aussi des aménagements pour la prière seront introduits dans le programme de la première école du lamidat de Ngaoundéré, ouvrant ainsi la voie à une série de compromis (sions) au principe de laïcité. Un siècle après, surtout dans les régions du Nord Cameroun, on trouve dans les établissements publics des aires de prières.