Cet article analyse le rapport établi entre art, esthétique et processus de subjectivation. L'objet de cette analyse est de montrer le devenir nécessaire du citoyen au citoyen-artiste. Pour cela, l'article se divise en trois parties. La première partie est dédiée à la transformation de la notion de contemplation esthétique en contemplation distraite. Benjamin et Dalí nous permettent d'aborder ce passage pour arriver à la compréhension de l'esthétisation de toutes les formes de vie. La deuxième partie aborde la formation de la sensibilité au service du néolibéralisme. Les "quatre libertés" formulées par l'Union européenne, nous permettent de montrer que la formation de la sensibilité, telle qu'elle est comprise pour les tenants de notre société néolibérale, continue à être une question de savoir et de pouvoir. Finalement, la troisième partie est axée sur le besoin d'établir des liens appropriés entre la vie et l'art. L'analyse du rapport à soi chez Foucault et la proposition du paradigme esthétique chez Guattari, nous portent à interroger la production de subjectivité par rapport à l'activité créatrice. Cette interrogation tient compte, en même temps, du subtil piège où se place une sensibilité éduquée dans la contemplation distraite.