Par la Ley de la Memoria histórica promulguée en décembre 2007, l'Espagne reconnaît les droits des victimes de la violence perpétrée durant la guerre civile et la dictature franquiste. C'est dans ce contexte que Carlos Ruiz Zafón publie, en 2011, El Prisionero del Cielo1. Dans ce roman résonne la voix du personnage de Fermín Romero Torres qui, dans la Barcelone des années 1950, témoigne de la politique de répression menée par les vainqueurs à partir de 1939. Est-ce là une forme d'engagement que de récupérer, par l'imaginaire, le passé traumatique d'une société ? Le titre de cet ouvrage distingue, parmi le personnel romanesque, David Martín surnommé el Prisionero del Cielo (le Prisonnier du Ciel) par les autres détenus. Personnage-écrivain, il est appréhendé dans une posture d'insoumission radicale à une autorité violente, représentée par Mauricio Valls, le directeur de la prison de Montjuic.