L'article questionne la notion de "discrimination linguistique" au travers d'expériences quotidiennes d'universitaires dont la langue maternelle n'est pas le français. Les enquêté·e·s décrivent des situations fréquentes de renvoi à une origine étrangère déclenchées par la remarque d'un accent, qui témoignent de processus d'ethnicisation. Ces rappels à la norme questionnent l'articulation des rapports sociaux de classe et de "race". La notion de discrimination, dans son acception sociologique comme juridique, implique un accès inégal à des ressources (Fassin, 2002 ; Chappe, Eberhard et Guillaume, 2016). Les recherches sur les discriminations s'intéressent principalement au parcours scolaire et à l'accès à l'emploi des classes dites populaires et des minorités dites visibles (Beauchemin, Hamel, Lesné, Simon et al., 2010),