RÉSUMÉ. - Si, comme je le crois, comprendre la différence
n'est possible qu'à partir d'un dialogue continu et sans cesse
renouvelé entre soi et l'autre, si l'altérité n'est saisissable qu'à
travers un ajustement répété et nécessairement inachevable des
positions de chacun, il ne s'agira plus alors, pour l'anthropologue
cinéaste, de décrire des faits et des objets mais de rendre
pensable une relation et d'en suggérer des modalités pour son
établissement et sa poursuite. Le dévoilement de l'autre ne
s'opèrera qu'avec la mise au jour des conditions de la rencontre,
des procédures d'élaboration et de constitution du savoir. Il
conviendra par conséquent de traduire à l'écranla démarche mise
en œuvre par l'ethnologue et de rendre visibles les étapes de son cheminement. Nous nous proposons de réfléchir au fùm, non
plus comme support d'analyse des interactions observables sur
le terrain mais comme lieu d'une relation dialogique nécessaire
entre l'ethnologue cinéaste et ceux qu'il observe. Des exemples
puisés dans l'histoire du cinéma ethnologique viendront éclairer
la manière dont cette relation s'est donnée à lire à l'écran.