Les cartographes de la République démocratique allemande ont apporté leur pierre à la stabilisation politique du pays. Au fil des décennies, les atlas – historiques ou généralistes – ont contribué à transmettre une mythologie tant nationale qu’internationale, grâce en particulier à un usage très codifié des couleurs et des symboles, destiné à traduire adéquatement la vision téléologique de l’histoire. Le choix des toponymes et la représentation des frontières y témoignent à la fois des tabous hérités de la Seconde Guerre mondiale et de la volonté de cimenter l'existence, par carte interposée, d'un État que le droit international ne reconnaissait que partiellement. La comparaison, constante bien que souvent implicite, entre capitalisme et communisme exigeait par ailleurs qu'on taise les réalités politiques ou économiques dérangeantes, et qu'on ne présente que des chiffres pouvant servir la propagande mythographique.