Depuis le milieu des années 1990, Tananarive, la capitale de Madagascar, sort de l’atonie dans laquelle elle était plongée depuis les années 1970. Le paysage urbain subit de profondes mutations, dues à la fois à un renouveau de la gestion municipale, désireuse d’inscrire dans ce paysage urbain l’appartenance de la ville à l’économie mondiale, et à un essor économique récent particulièrement visible à Tananarive, la principale métropole économique du pays. Ces mutations paysagères contribuent à rapprocher Tananarive d’un standard international de grande ville de pays en développement. Or, cette évolution est perçue comme une banalisation de leur ville par une partie des Tananariviens, et plus encore comme une menace contre l’identité citadine. Le paysage urbain contemporain reflète en fait toujours les visées idéologiques de la monarchie fondatrice de la ville à la fin du XVIIIe siècle, si bien que les modifications actuelles qui bouleversent cet équilibre ancien, notamment entre les collines et la plaine rizicole ceinturant la ville, peuvent être considérées comme la remise en cause d’une identité paysagère aux origines symboliques.