Les armées égyptienne et turque sont nées du déclin de l'Empire ottoman. Dans la première moitié du 19e siècle, Mehmet Ali s'émancipe de la tutelle impériale, en mettant sur pied une armée puissante qui fait trembler la Porte. Côté turc, les militaires jouent un rôle moteur dans les tentatives de modernisation, qui s'emploient à enrayer le déclin ottoman, jusqu'à la Première Guerre mondiale. À l'issue de celle-ci, c'est encore un général, Mustafa Kemal qui préside à la création d'un État-nation turc contemporain. Même si ce dernier paraît lui échapper après la Seconde Guerre mondiale, lorsque s'impose une république parlementaire pluraliste, l'armée turque, par des interventions récurrentes, transforme ce régime en démocratie sous contrôle. Pour sa part, l'armée égyptienne a connu une longue éclipse, depuis que les Britanniques ont jeté leur dévolu sur un pays qui constitue pour eux une priorité stratégique, en raison du canal de Suez. Elle ne revient au premier plan qu'en 1952, lorsque la révolution des Officiers libres voit le colonel Nasser établir un régime autoritaire nationaliste.