Alors que les relations entre le gouvernement conservateur de l'AKP et l'Armée turque sont traditionnellement mauvaises, elles ont connu une amélioration notable à partir de
2015. Le président Erdoğan et son parti ont adopté des positions nouvelles sur la question kurde, la confrérie de Fethullah Gülen et les alliances internationales. Ce faisant, ils se sont rapprochés de la vision portée par les militaires, ce qui a permis une convergence stratégique. Par ailleurs, les purges qui ont suivi le coup d'État raté de 2016 ont permis de chasser de l'Armée les éléments les plus hostiles à l'AKP. Désormais, les officiers sont en majorité loyalistes, à l'instar du général Hulusi Akar, chef d'état-major puis ministre de la Défense, acteur essentiel de ce rapprochement. Néanmoins, des tensions sont toujours perceptibles. D'une part, la politique syrienne de la Turquie fait (discrètement) débat au sein de l'Armée. D'autre part, le président Erdoğan pourrait être, à terme, rendu responsable d'un contexte économique et diplomatique qui risque de limiter la modernisation des équipements militaires.