À Genève, plusieurs rues du centre-ville se caractérisent par la présence quotidienne de revendeurs de drogues. Attendant sur les trottoirs, ils abordent les passants, en quête de clients potentiels, et ceci parfois durant plusieurs heures d'affilée. Leur visibilité ainsi que leur présence régulière les ont fait devenir des figures familières des quartiers dans lesquels se situent ces lieux de vente1 (Felder et al., 2015). Pourtant, ces revendeurs n'ont pas grandi à Genève et n'exercent généralement pas l'activité du deal de drogues depuis forcément plusieurs années. Il s'agit en effet de migrants ouest-africains qui ont migré illégalement en Europe et qui ont tenté d'y déposer une demande d'asile dans l'espoir d'acquérir de meilleures conditions de vie. Rejetés par la procédure d'asile ou découragés par elle, ces migrants se sont finalement retrouvés à Genève, où ils ont vu dans la revente de drogues (essentiellement de cannabis, de cocaïne ou d'ecstasy) un moyen alternatif de survie, permettant de se procurer un revenu dans un contexte où, faute de papiers valables, le marché de l'emploi formel leur est bloqué.