Au cours de ces dernières décennies, certains vignobles de prestige en France ont mis particulièrement en avant leurs terroirs "bénis des dieux" (Pitte, 2005) pour expliquer les qualités exceptionnelles de leurs breuvages. Pourtant, le terroir physique n'a pas nécessairement un rôle déterminant dans l'élaboration d'un vignoble de prestige (Dion, 1952) comme le montre le cas du vignoble de Champagne. Ce vignoble de prestige, de renommée mondiale, doit bien davantage la qualité de son terroir viticole à des facteurs socioculturels et commerciaux qu'à des facteurs naturels. Si la construction de l'image luxueuse et festive du vin mousseux de Champagne par les grandes maisons de négoce a occulté dès le XVIIIe siècle le rôle du terroir dans l'image de marque de ce produit, c'est sa reconnaissance juridique à travers la création de l'AOC dans les années 1930 qui a permis de protéger sa réputation en France et à l'international. Face aux difficultés rencontrées à l'international pour la défense de l'AOC, on assiste depuis la fin du XXe siècle à un recentrage de la communication du comité interprofessionnel et des grandes maisons de Champagne sur la notion de terroir.