Le monde agricole a longtemps été considéré par ses fermetures. Fermeture sociale, d'abord, puisque la transmission des fermes s'effectuerait encore largement sur le mode intra-familial (Diaz, 2003 ; Dumas, et al., 1995). En outre, le secteur agricole considéré comme instable et souvent faiblement rémunéré ferait office de repoussoir pour les jeunes issus de parents agriculteurs. En pénurie de successeurs, ils seraient contraints de travailler plus longtemps ou de céder l'exploitation à des firmes de l'agro¬business (Anyidoho et al., 2012, Sumberg et al., 2012 ; Tadele et Gella, 2012). Dans ces conditions, une nouvelle relève venue de l'extérieur devient donc incontournable pour le devenir de l'agriculture. Or, la question du renouvellement de la population agricole ne semblerait pas être un problème du nombre d'intéressés mais de celui de l'accès à la propriété. Ce qui nous amène à la seconde fermeture, économique cette fois-ci, puisque les projets d'installation sont entravés par de lourdes barrières foncières auxquelles s'ajoutent des quotas de production (Lamontagne, 2015). Pour les agriculteurs établis, l'augmentation des coûts d'intrants, des équipements et la concentration de la propriété foncière ont entraîné une stagnation des revenus agricoles, ou parfois même une augmentation de la dette agricole (Cushon, 2003 ; Qualman, 2011 ; Sommerville et Magnan, 2015).