Pénétrant un moment avant nous
Dans l'enclos du fourré fleuri
Que par convention
Nous appelions le jardin
Mes petits-enfants
S'étaient cachés
Non dans le massif du genévrier
L'impénétrable maître des lieux
Mais dans l'imbroglio
Des rosiers fous
Que pour conjurer la malédiction de la stérilité
J'avais laissé croître et s'entremêler
Sans ordre ni limite
Et que desormais
Plus personne ne pouvait
Ni ne souhaitait
Démêler
Ils étaient embusqués dans le petit habitacle
Que des branchages épais
Avaient ménagé
Dessous le couvert de la verdure
Derrière les arceaux de fer
Que j'avais là
Dès le commencement
Installés
Pour guider le cheminement végétal
Comme nous avancions
Ma fille et moi
Vers la table
Pour nous asseoir
Dessus le banc de pierre
Et deviser en paix
On ne les voyait pas
Mais on les entendait
Leurs murmures
Leurs rires
Leurs souffles et leurs chuchotements
Couvraient largement
Jusqu'au chant du vent
En cette saison
Inquiétant
Et quand ils vinrent
Au bout d'un certain temps
Nous demander triomphalement
Si nous les avions vus
Leur mère prévoyante leur fit la leçon
Non vus mais entendus
Précisant qu'en matière de cache
De cachette
De cachotterie
Pour être efficace
Mieux valait penser à tout