Je suis le vent de nuit de l'été qui franchit le seuil de l'aujourd'hui et qui vient rafraîchir toutes les pièces ouvertes jusqu'à l'aurore. Je suis fils de la Terre, un errant transhumant. Je vais au-delà dans le ciel de toujours, la mort n'est plus mon ennemie. Je suis aussi le fils du ciel, passeur des mondes, des vivants et des morts, j'avance dans le temps, ― je suis une force qui va de l'avant, trébuchant parfois, bégayant souvent. Je suis à l'image de ma pierre de parole, je suis un pont entre les hommes, ― je suis un fragile pont qu'un missile pulvérise. Par l'orifice de ma bouche parlent les gens d'orée. ― Nous sommes transvisibles. Nous parlons plus loin que l'espace et le temps du cosmos. Nous bondissons du tremplin de la planète pour d'autres rebonds. Et, si nous prenons la balle au bond, elle est pour d'autres mains d'artisans. Vous ne nous verrez plus, ne nous cherchez pas, car la nuit sera devenue à vos yeux ― introuvable. Bloc de terre, ma parole contient l'autre, les autres sont en moi, ils parlent en moi du devenir des mondes vers d'autres rivages étoilés. Je suis d'un autre bord et d'une autre lisière, ― souffle le vent du temps.
Paris, le 12 avril 2008