Voulez-vous être évalué? Ce titre accrocheur (2004), choisi par J.-A. Miller (psychanalyste lacanien) et J.-C. Milner (philosophe), projette d'emblée le lecteur dans un doute constructif. Être évalué? Pourquoi pas, mais à la condition, serait- on tenté très vite de dire, que cette évaluation soit in fine plus positive que négative, qu'elle réfléchisse tel Narcisse se penchant sur son lac, une image flatteuse, pas trop éloignée de l'image de soi, construite dans le secret des têtes. Du côté de l'évalué, toute évaluation COIIlporte un risque, celui de la déception, de l'exposition décapante, le risque de ne pas se reconnaître dans le portrait brossé par l'évaluateur. Que faire alors des observations émises par ce dernier? Les rejeter comme non fondées, les trier, les accepter, les discuter, les oublier... ? Du côté de l'évaluateur, les choses ne sont guère plus simples. Ses outils sont-ils si affûtés, est-il certain d'évaluer ce qui doit l'être, sans se tromper, avec une objectivité suffisante? Que va-t-on faire de son évaluation? Quels en seront les effets pour la personne évaluée, pour lui-même?
