Vous connaissez la blague: - Quel était le prénom d'Alzheimer?... - (faussement navré) Hé oui, ça commence comme ça... Malaise. Qui ces temps derniers voyant lui échapper un nom connu, qui cherchant des lunettes qu'il avait sur la tête ou des clés, sous les yeux, n'a pas connu ce frisson d'effroi en se demandant si cet oubli n'était pas le signe précurseur de cette maladie terrifiante, la maladie d'Alzheimer, la maladie d'Alois Alzheimer? Avant que la maladie de A. ne se déclare, des signes avant-coureurs doivent alerter les proches: pertes récurrentes de clefs, achats inconsidérés, conduite automobile fantaisiste, humeur sombre ou taciturne, usage déplacé de certains termes du vocabulaire courant, incapacité à ren1plir des papiers administratifs, conduites surprenantes, irrégulières, en désaccord avec le tempérament habituel de la personne concernée. Ces signes ne sont pas toujours identifiables et c'est pourquoi chacun doit être prudent et vigilant à la fois (p. 23). C'est de cette peur-là que se fonde en partie le texte récemment primé1 d'Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître. En effet, non seulement l'auteure écrit-elle: Ce livre a pour but de m'accoutumer à l'idée que je pourrais être un jour ou l'autre atteinte par la n1aladie de A. ou que, plus terrible encore, la personne avec qui je vis pourrait en être atteinte [...]. Si on se projette un tant soit peu dans l'avenir, il n'y a en effet aucune raison d'être particulièrement optimiste (p. 17).