Il est des livres dont le sujet traverse l'espace à la vitesse de l'éclair. Sinon, comment écrire quand il s'agit de réveiller cette "simplicité psychologique" qui tend à effacer "les contradictions et les ambiguïtés du désir humain" (p. 17) ? L'ouvrage d'!. Garate-Martinez est un acte poétique, un mouvement de duende1 qui prélève à vif dans une fable philosophique un personnage de roman, ou dans la vie de "tante Paulina", ce qui fait le fonds d'une expérience humaine. Des notes de vie ou des figures cliniques soulignent l'indispensable de l'amour, de la souffrance, des joies ou des malheurs. Car "jouer sa vie" est bien ce qui se passe en analyse. Il y faut d'une lame signifiante trancher dans cette pensée d'obscure platitude. Il y faut de la poésie, celle d'Otero "qui a ouvert le balcon de mon regard à la capacité d'indignation", celle aussi de Machado, Garcia Lorca et Miguel Hernandez. "J'y ai rencontré le désir de guetter en moi cette présence du féminin qui me permettrait de ressentir cette haleine si douce qui se glisse par le glacis du cou vers mon épaule, absence d'une voix, sonore à peine, qui me transperce, me parcourt, m'assoiffe [...]. C'est dans le dire poétique et les jacula tions mystiques que s'est ouvert en moi un chemin pour la psychanalyse" (p. 43).